Différence entre « Gold Star Lesbian » et « Hasbian »
Le langage LGBTQIA+ est riche, en constante évolution, et parfois complexe à appréhender, même pour celles et ceux qui en font partie. Deux termes en particulier, « gold star lesbian » et « hasbian », soulèvent régulièrement des interrogations au sein de la communauté queer comme en dehors. Quelle est la différence entre ces deux étiquettes ? Qu’impliquent-elles en matière d’identité, de sexualité, voire de politique queer ?
Dans cet article, nous allons explorer en profondeur la signification de ces deux termes, leur origine, les débats qu’ils suscitent, et ce qu’ils révèlent sur la diversité des parcours lesbiens.
1. Qu’est-ce qu’une « Gold Star Lesbian » ?
Le terme Gold Star Lesbian (lesbienne étoile d’or) est apparu dans les milieux LGBTQ+ nord-américains, notamment dans les années 1990. Il désigne une femme qui s’identifie comme lesbienne et qui n’a jamais eu de relations sexuelles avec un homme. Autrement dit, une femme exclusivement homosexuelle depuis toujours, selon cette définition.
1.1 Origine et connotation du terme
À l’origine, il s’agissait presque d’une plaisanterie interne à la communauté. Le « gold star » (étoile d’or) évoque l’idée de récompense, comme une médaille symbolique pour les lesbiennes qui n’auraient jamais « dévié ». Cependant, au fil du temps, cette expression a pris une tournure plus sérieuse — voire élitiste ou excluante — selon certaines critiques.
1.2 Une construction identitaire parfois controversée
Certaines femmes revendiquent ce terme comme une façon de valoriser leur homosexualité exclusive. Mais d’autres estiment que ce type d’étiquette crée une hiérarchie au sein de la communauté lesbienne, en opposant implicitement « bonnes lesbiennes » (les Gold Star) aux autres.
Cela soulève aussi des problématiques concernant le passé hétérosexuel, la pression sociale, ou encore les expériences de violence sexuelle : peut-on vraiment « choisir » de n’avoir jamais eu de rapports avec un homme, dans une société hétéronormative ?
2. Qu’est-ce qu’une « Hasbian » ?
Le mot Hasbian est une contraction humoristique de « has been lesbian », c’est-à-dire littéralement une « ex-lesbienne ». Il décrit une femme qui s’est identifiée comme lesbienne à un moment de sa vie, mais qui est aujourd’hui en couple avec un homme, ou se définit autrement que lesbienne.
2.1 Un terme provocateur
Ce terme a émergé dans les années 2000, à une époque où les identités sexuelles devenaient plus fluides et visibilisées, notamment grâce à Internet. Si le mot peut faire sourire, il a aussi été utilisé de façon péjorative, suggérant que la personne n’était pas « vraiment lesbienne ».
2.2 Fluidité ou trahison ?
Certaines personnes voient dans le terme « hasbian » une manière de nommer des parcours de vie légitimes. D’autres y perçoivent une forme de trahison symbolique. Dans certains cercles, quitter l’identité lesbienne pour un homme peut être vu comme une capitulation face à l’hétéronormativité dominante.
Mais est-ce que l’identité sexuelle est figée ? Est-il légitime de changer d’étiquette, d’évoluer avec le temps, ses expériences, ses désirs ? Ce sont des questions cruciales, au cœur des débats autour du mot « hasbian ».
3. Différences fondamentales entre « Gold Star Lesbian » et « Hasbian »
3.1 Sur le plan de la sexualité
- Gold Star Lesbian : femme homosexuelle exclusive, jamais de rapport avec un homme.
- Hasbian : femme qui a été lesbienne ou s’est identifiée comme telle, mais qui ne l’est plus actuellement (ou plus exclusivement).
3.2 Sur le plan de l’identité
- « Gold star » est souvent revendiquée comme preuve d’une homosexualité inaltérable.
- « Hasbian » reflète une évolution ou redéfinition de soi.
3.3 Sur le plan politique et communautaire
- Le terme Gold Star peut être utilisé comme affirmation de fierté mais aussi comme outil d’exclusion.
- Le mot Hasbian soulève des critiques sur la stabilité identitaire et peut être instrumentalisé pour délégitimer des parcours bisexuels ou queer.
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4. Ces étiquettes sont-elles nécessaires ?
4.1 Le besoin de se définir
Les étiquettes permettent de créer des communautés, de se reconnaître dans les autres, et de revendiquer sa place dans un monde souvent hostile à la diversité sexuelle. Elles servent aussi d’outils de compréhension de soi, en particulier dans les premières phases du coming-out.
Mais…
4.2 Le piège des catégories rigides
Les termes « gold star lesbian » et « hasbian » ont tous deux été critiqués pour leur potentiel excluant. L’un valorise une pureté supposée ; l’autre évoque une perte, une fin, comme si l’homosexualité était un état d’esprit révolu qu’on abandonne.
Or, la sexualité peut être fluide, nuancée, multiple, changeante. Beaucoup de lesbiennes ont eu des rapports avec des hommes avant de s’assumer. Beaucoup de bisexuelles ont été perçues comme lesbiennes à une période. Et de nombreuses personnes queer refusent désormais de rentrer dans ces cases étroites.
5. Les critiques féministes et queer de ces termes
5.1 Le problème du « gold star » comme idéal
Certaines militantes féministes queer dénoncent la pression normative exercée par le mythe de la « vraie lesbienne ». Elles rappellent que l’homosexualité ne se mesure pas à l’absence de rapports avec des hommes, mais à l’orientation affective et sexuelle actuelle.
5.2 « Hasbian » et la bisexualité invisibilisée
Le mot « hasbian » est aussi critiqué pour sa non-reconnaissance de la bisexualité. De nombreuses femmes qui quittent une relation lesbienne pour un homme ne cessent pas pour autant d’être attirées par les femmes. Elles ne sont pas « ex-lesbiennes » : elles sont bisexuelles, pansexuelles, ou queer.
6. Des témoignages personnels qui nuancent les termes
Voici quelques témoignages fictifs mais inspirés de récits réels, pour illustrer la diversité des vécus :
Claire, 34 ans – « gold star et fière de l’être »
« J’ai toujours su que j’étais lesbienne. Je n’ai jamais été attirée par les hommes, et je n’ai jamais eu besoin de tester quoi que ce soit. Quand j’ai entendu l’expression ‘gold star lesbian’, ça m’a fait sourire. C’était une façon de revendiquer quelque chose que j’avais toujours ressenti profondément. Mais je comprends aussi que ça peut être blessant pour d’autres. »
Amandine, 29 ans – « ex-lesbienne ? Non, bisexuelle »
« À 20 ans, je m’identifiais comme lesbienne. J’étais dans une relation très engagée avec une femme. Aujourd’hui, je suis en couple avec un homme, et on me traite parfois de ‘hasbian’. Mais je ne suis pas une ‘ancienne lesbienne’, je suis toujours attirée par les femmes. Je suis juste en couple hétéro en ce moment. »
7. Vers une sexualité sans étiquette ?
Une nouvelle génération de personnes LGBTQIA+ rejette de plus en plus ces classifications figées. Sur les réseaux sociaux, de plus en plus d’utilisatrices et d’utilisateurs expriment leur désir de fluidité, refusant de s’enfermer dans des catégories limitantes.
Des termes comme queer, pansexuel·le, ou même saphique (attirance entre femmes, sans se limiter au label lesbien) permettent une plus grande liberté d’expression de soi.
8. Conclusion : un vocabulaire à manier avec nuance
La différence entre « gold star lesbian » et « hasbian » révèle des tensions profondes au sein même de la communauté LGBTQIA+ : entre affirmation identitaire et acceptation de la fluidité, entre besoin de repères et rejet des étiquettes.
Ces mots ne sont ni bons ni mauvais en soi. Ils révèlent simplement des réalités différentes, parfois conflictuelles. Ce qui importe, au final, c’est de laisser à chacun·e la liberté de nommer (ou non) son vécu, sans jugement, sans hiérarchie.
Foire Aux Questions (FAQ)
Peut-on être une « gold star lesbian » malgré une agression sexuelle par un homme ?
Oui. La majorité des définitions excluent les cas d’abus ou de violences, considérant que ce type d’expérience n’est pas un « rapport sexuel » consenti, mais une agression. Beaucoup de personnes utilisent alors le terme « gold star » en précisant ce contexte.
« Hasbian » est-il un terme péjoratif ?
Cela dépend du contexte. Certaines femmes s’en emparent avec humour ou ironie, d’autres le trouvent rabaissant. Tout dépend de l’intention et du ton utilisé.
Est-ce que la bisexualité est toujours effacée dans ces débats ?
Malheureusement, souvent oui. Beaucoup de critiques du terme « hasbian » appellent justement à une meilleure reconnaissance des identités bisexuelles et pansexuelles, souvent marginalisées dans les discours.