Un début littéraire couronné par le Prix de Flore
Rebeka Warrior, initialement connue pour son travail musical avec Sexy Sushi, Mansfield.TYA et Kompromat, se démarque désormais sur la scène littéraire. Son premier roman, Toutes les vies, paru chez Stock en août dernier, séduit par son style unique, imprégné de surréalisme et d’intense émotion. Lauréat du Prix de Flore 2025, ce récit témoigne d’une écriture puissante et personnelle, empruntant à son vécu de performeuse. Il explore avec profondeur les thèmes de l’amour, de la perte et de la résilience.
Un récit initié par un rêve funeste
Le livre débute sur un rêve inquiétant : Rebeka se voit veiller sur sa partenaire Pauline, menacée par une force fatale. Ce cauchemar se révèle tragiquement prophétique lorsque Pauline se retrouve confrontée à un cancer du sein. La narratrice, en tant qu’aidante, décrit un quotidien bouleversé, entre soins, fatigue et procédures administratives. La douleur est transmise à travers une langue acérée, mâtinée d’humour noir et de vérités touchantes, cherchant une lueur d’espoir dans un profond désespoir.
Une écriture du contraste, entre rage et tendresse
Le style de Rebeka Warrior est une danse entre la crudité et la poésie, les éclats de colère et les moments de douceur. Son langage, souvent abrupt, garde une cadence musicale. Ces contrastes intensifient l’émotion du récit, où l’affection se forge à travers l’épreuve, transformant l’amour en un acte de résilience.
Deux temps, deux mondes : avant et après la perte
La structure du roman est articulée autour de deux périodes : celle partagée avec Pauline, puis celle de l’après. La disparition n’est pas une conclusion mais un pivot. Dans la seconde partie, la narratrice est confrontée à un vide corrosif et à la solitude, tout en entamant une lente reconstruction. Ce parcours chaotique, empreint de rechutes et d’épiphanies, s’accompagne d’une quête presque mystique de sens.
Une introspection nourrie par la littérature
Rebeka Warrior puise dans les grandes figures littéraires qui l’ont marquée : Hermann Hesse, Hervé Guibert, Rousseau, Sartre… Ces auteurs, bien que masculins, blancs et cisgenres, deviennent ses guides face à l’épreuve. Ces références ne sont pas que des ornements stylistiques, mais témoignent d’un dialogue intérieur avec les œuvres, l’aidant à surmonter la douleur et à définir son place dans le monde.
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Une écriture habitée par la scène et la musique
Provenant du milieu musical, Rebeka Warrior intègre à son roman une forme de scansion, mélangeant fragments et envolées lyriques. Son écriture épouse son corps de performeuse, entre intensité, rudesse et émotion à l’état brut. Chaque mot porte la marque du cri, du geste, de la scène. La prose reste brute, authentique, ancrée dans son histoire artistique.
Une voix queer puissante et assumée
Avec Toutes les vies, Rebeka Warrior propose un récit intensément incarné, personnel tout en étant universel. Elle y affirme haut et fort une parole queer sans compromis, chamboulant les codes de l’autofiction traditionnelle. Ce texte interroge, émeut, guérit. Il représente une identité en perpétuel mouvement, une douleur devenue force, et une écriture profondément poétique et viscérale.
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