Une hausse inquiétante des violences physiques et sexuelles
Une étude récente de l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) met en lumière une augmentation préoccupante des agressions envers les personnes intersexes. Selon ce rapport publié le 17 septembre, les personnes intersexes sont victimes de niveaux de violence bien plus élevés que les autres membres de la communauté LGBTQI+. Sur les 1 920 personnes interrogées dans 30 pays, y compris les États membres de l’Union européenne et les Balkans occidentaux, 34 % des personnes intersexes ont déclaré avoir été confrontées à des violences physiques ou sexuelles au cours des cinq dernières années. Ce chiffre marque une augmentation alarmante par rapport à 2019, où le taux était de 22 %. Aujourd’hui, les personnes intersexes sont trois fois plus susceptibles de subir ces violences que les autres membres de la communauté LGBTQI+.
Traitements médicaux non consentis et pratiques de conversion
En plus des agressions, les personnes intersexes sont également victimes d’interventions médicales forcées. Le rapport révèle que 57 % des personnes interrogées ont subi des traitements ou des chirurgies visant à modifier leurs caractéristiques sexuelles sans leur consentement éclairé. De plus, près de 4 personnes sur 10 (39 %) ont été confrontées à des pratiques de « conversion », visant à changer leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
Des conséquences graves sur la santé mentale
Ces différentes formes de violence ont un impact dévastateur sur la santé mentale des personnes intersexes. En 2023, plus d’une personne intersexe sur deux (53 %) a envisagé le suicide, contre 37 % lors de l’enquête précédente en 2019. Le rapport souligne que les personnes intersexes sont un groupe extrêmement marginalisé, exposé à des risques psychologiques accrus en raison des discriminations systémiques qu’elles subissent.
Le rôle des discours politiques et de la désinformation
Les discours politiques hostiles et les attitudes négatives des responsables publics sont largement accusés par les répondants, avec 69 % d’entre eux pointant du doigt ces discours comme en grande partie responsables de la détérioration de la situation. La désinformation en ligne est également mise en cause, ciblant de plus en plus les personnes trans et intersexes, souvent mal comprises du grand public.
Vers une reconnaissance légale et une approche intersectionnelle
La FRA recommande à l’Union européenne et à ses États membres d’intégrer explicitement l’intersexuation parmi les motifs de discrimination reconnus. Le rapport insiste sur la nécessité d’une approche intersectionnelle prenant en compte la diversité des situations individuelles, telles que l’orientation sexuelle, l’identité de genre, le handicap, le statut socioéconomique ou l’appartenance à une minorité, afin de développer des politiques inclusives et respectueuses des droits fondamentaux.
« Être une personne intersexe, vivre une orientation sexuelle ou une identité de genre jugées non conformes, des conditions socioéconomiques qui peuvent être limitées par des handicaps, faire face à des difficultés financières ou appartenir à une minorité, sont d’importants facteurs qui conduisent à des expériences de vie difficiles », rappelle le rapport.
Il est essentiel que les États et les institutions concernées concrétisent ces recommandations par des actions concrètes pour protéger les droits des personnes intersexes.