Cynthia Eysseric Visibilité lesbienne sport Québec
Mettre en lumière les femmes lesbiennes dans le sport
À l’approche de la Journée de la visibilité lesbienne (JVL), prévue le 26 avril, Cynthia Eysseric, directrice générale du Réseau des lesbiennes du Québec (RLQ), souhaite insuffler un élan positif autour de la représentation des femmes queers et lesbiennes. En plaçant cette année le sport féminin au cœur des célébrations, elle entend souligner la contribution des lesbiennes dans un domaine où leur présence demeure souvent marginalisée.
« Pendant l’année, il y a tellement de fois que c’est négatif quand on parle de la communauté. On parle du recul des droits, de la montée de la haine, tout ça », confie-t-elle. « Mais la Journée de visibilité lesbienne, c’est un événement qui se veut positif, pour donner du pouvoir à la population. »
La JVL, qui se tiendra à l’espace 8 Queen à Griffintown, mettra en vedette l’athlète olympique Annie Guglia, skateboardeuse et fièrement lesbienne, en tant que porte-parole. Bien que les détails complets de la programmation ne soient pas encore publiés, l’événement comprendra des conférences, des ateliers, une cérémonie de reconnaissance pour les pionnières du sport et un salon communautaire destiné à favoriser la découverte de ligues sportives inclusives pour les femmes.
Briser l’invisibilité pour protéger les droits
Pour Cynthia Eysseric, la visibilité demeure un enjeu central : « Quand [la communauté] est visible, elle est hypersexualisée, elle n’est pas prise au sérieux. On veut montrer que les personnes qui font partie de la communauté lesbienne existent, puis elles ne sont pas que pour le regard des hommes. » Elle met en garde contre les effets délétères de l’invisibilité, estimant que celle-ci favorise un recul des droits : « Si on est invisibles, il y aura encore plus de recul des droits. »
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Créer des espaces où les lesbiennes peuvent se retrouver
Forte d’un parcours en sexologie et ancienne stagiaire au sein du RLQ, Cynthia Eysseric est revenue dans l’organisme peu avant la pandémie, déterminée à s’engager activement. En compagnie de ses collègues, elle a rapidement adapté les activités du réseau au format virtuel, créant ainsi des opportunités de socialisation inédites malgré le confinement.
Elle déplore toutefois l’absence persistante de lieux spécifiquement dédiés aux lesbiennes à Montréal : « Il y a un bar [le Champs, sur le boulevard Saint-Laurent] qui a des soirées lesbiennes, mais ce n’est pas cent pour cent lesbien. Sinon, il y a des soirées lesbiennes qui vont changer de bar en bar. C’est très éphémère. Je pense que c’est vraiment important d’avoir des espaces qui sont à nous, pour arrêter d’être constamment en alerte. » Dans l’attente d’un lieu permanent, elle espère que les festivités de la JVL offriront, même temporairement, ce refuge tant désiré.
Un engagement nourri par les défis
Face à un climat politique et économique incertain, Cynthia Eysseric reste lucide : « Si des partis de droite sont élus, il y aura encore plus de travail pour défendre nos communautés, puis on va avoir encore moins d’argent pour le faire. […] Au bout de la ligne, les populations qui ont le plus besoin de services paieront le prix. »
Malgré les obstacles, elle puise son énergie dans les retours concrets du terrain. Ce sont les petites victoires qui l’animent, comme le témoignage d’une personne qui réussit à faire son coming out grâce à une activité du RLQ. « Ça fait tellement plaisir de savoir que ce qu’on fait au quotidien a un impact réel dans la vie des gens. »
En savoir plus : Réseau des Lesbiennes du Québec – Site officiel