Qu’est-ce qu’une Hyper Queen ?
Le terme Hyper Queen désigne des artistes drag qui sont des femmes cisgenres ou AFAB et qui choisissent de performer en exagérant leur féminité. Contrairement aux Drag Queens (souvent des hommes cisgenres ou des personnes AMAB – Assigned Male At Birth – qui se travestissent en femmes), les Hyper Queens partent de leur corps déjà vu comme féminin pour en faire une scène d’expression artistique.
Elles se maquillent de façon plus intense, portent des perruques immenses, des robes extravagantes, des talons vertigineux, et poussent à l’extrême les stéréotypes de la féminité glam et sexy.
🔗 Pour bien comprendre les nuances, il est intéressant de comparer avec d’autres catégories de performance drag :
Ainsi, les Hyper Queens ne se contentent pas d’imiter ou de jouer la féminité : elles la magnifient, la caricaturent, l’explosent sur scène.
L’Histoire et l’Émergence des Hyper Queens
L’existence des Hyper Queens n’est pas nouvelle. Déjà dans les cabarets underground du XXe siècle, certaines artistes féminines jouaient volontairement sur une féminité théâtrale, se rapprochant du drag sans être reconnues comme telles.
Cependant, le terme « Hyper Queen » s’est démocratisé plus récemment, avec l’explosion médiatique du drag grâce à des émissions comme RuPaul’s Drag Race. Pendant longtemps, le concours phare du drag a refusé d’accepter les Hyper Queens, considérant que le drag devait être un espace réservé aux personnes AMAB.
Cette exclusion a suscité de nombreux débats au sein de la communauté queer. Fallait-il ouvrir la scène drag à toutes et tous, ou préserver une tradition ? Avec la montée des revendications inclusives, les Hyper Queens ont gagné en visibilité et en reconnaissance.
🔗 Pour un regard comparatif plus large, tu peux lire l’article Des Drag Kings aux Hyper Queens qui analyse les évolutions récentes du drag.
Une Réinvention des Codes de la Féminité
Les Hyper Queens réinventent la féminité en la poussant à son paroxysme. Elles ne se contentent pas de reproduire ce qu’elles vivent déjà au quotidien : elles transforment le maquillage en masque artistique, la robe en armure, et la féminité en spectacle visuel.
Quelques exemples de codes souvent utilisés :
- Maquillage drag : contouring exagéré, paillettes, faux-cils XXL.
- Mode extravagante : robes volumineuses, corsets serrés, tissus brillants.
- Gestuelle : hypersexualisation volontaire, attitude glamour et provocante.
Ce contraste entre la féminité vécue et la féminité performée offre une lecture critique : il montre que la féminité n’est jamais naturelle, mais toujours en partie une construction sociale.
La Réception des Hyper Queens dans la Communauté Drag
Si aujourd’hui les Hyper Queens sont de plus en plus célébrées, leur intégration n’a pas été simple.
- Les critiques : certains considéraient que les Hyper Queens n’avaient pas leur place, car elles « n’avaient pas besoin » de performer la féminité. L’argument avancé était qu’elles vivaient déjà au quotidien ce que les Drag Queens exagéraient.
- La défense : au contraire, beaucoup ont souligné que les Hyper Queens apportaient une vision unique du drag, en transformant leur féminité vécue en art conscient et volontaire.
Dans les bars queer et les compétitions locales, les Hyper Queens ont su s’imposer par leur créativité et leur présence scénique. Elles participent désormais aux festivals drag, aux shows indépendants, et deviennent des figures visibles sur les réseaux sociaux.
Portraits et Exemples d’Hyper Queens Connues
Parmi les figures marquantes de la scène Hyper Queen :
🎭 1. Victoria Scone

La scène des Hyper Queens est encore jeune et moins médiatisée que celle des Drag Queens traditionnelles. Pourtant, certaines artistes ont réussi à marquer les esprits :
- Victoria Scone (Royaume-Uni) : Première Hyper Queen à participer à RuPaul’s Drag Race UK. Femme cisgenre lesbienne, elle a brisé un plafond de verre en prouvant que les AFAB ont toute leur place dans le drag.
- Collectifs locaux de bio-queens et Hyper Queens : dans des villes comme Paris, Montréal ou Berlin, plusieurs femmes cisgenres montent sur scène pour exagérer leur féminité et revendiquer le drag comme un art inclusif. Ces artistes, moins médiatisées individuellement, participent à élargir la définition du drag et à inspirer une nouvelle génération.
En réalité, le nombre d’Hyper Queens médiatisées reste faible. Cela révèle surtout l’histoire d’une invisibilisation : pendant longtemps, les femmes cis qui faisaient du drag étaient écartées des grandes scènes et reléguées aux marges. Aujourd’hui, leur visibilité grandit, et des figures comme Victoria Scone ouvrent la voie pour que d’autres noms émergent.
🔗 Leur travail rappelle l’importance de la mode dans la scène drag : Drag Queens et mode.
Hyper Queens et la Déconstruction du Genre
Au-delà du spectacle, les Hyper Queens participent à une réflexion profonde sur le genre.
- Elles montrent que la féminité n’est pas un simple état biologique, mais un jeu de rôle social qui peut être amplifié, déconstruit et remodelé.
- Elles créent un pont entre féminisme et culture queer, en affirmant que les femmes peuvent elles aussi performer la féminité de manière consciente et artistique.
- Elles ouvrent la porte à d’autres formes de drag : drag non-binaire, drag monsters, bio-queens, qui questionnent encore plus radicalement les codes.
🔗 Pour approfondir cette dimension historique et théorique, l’article Ça Vient d’Où La Culture Drag ? offre une perspective complémentaire.
L’Avenir des Hyper Queens
Aujourd’hui, les Hyper Queens sont en plein essor. On les retrouve :
- Dans des compétitions internationales comme Drag Race.
- Dans les bars queer et cabarets indépendants.
- Sur les réseaux sociaux, où elles partagent leurs maquillages, tutoriels et performances.
Leur avenir semble prometteur : elles participent à rendre la scène drag plus inclusive, plus diverse et plus fidèle à la richesse de la communauté LGBTQIA+.
Conclusion
Les Hyper Queens ne sont pas une simple sous-catégorie du drag : elles représentent une révolution culturelle. En réinventant la féminité, elles bousculent les stéréotypes, enrichissent la scène queer et démontrent que le drag est un art ouvert à toutes et tous.
De pionnières invisibilisées à figures incontournables des shows modernes, elles incarnent une nouvelle ère du drag, où inclusion et créativité marchent main dans la main.
Dans un monde où le drag continue d’évoluer et de se diversifier, les Hyper Queens rappellent que la scène queer est avant tout un espace de liberté, d’exagération et de fierté.