Une première en tribune lors de Grenoble-Nancy
Le samedi 20 décembre a représenté un véritable tournant dans la lutte contre les discriminations dans le football en France. Pour la toute première fois, lors du 32ᵉ de finale de la Coupe de France entre Grenoble et Nancy (1-1, 3-5 aux tirs au but), trois observateurs ont été présents dans les tribunes au stade des Alpes pour détecter des propos ou comportements discriminatoires. Cette initiative inédite répondait à une demande de longue date de la part des associations engagées dans la lutte contre l’homophobie dans le sport.
Les acteurs de la veille anti-discrimination
Les observateurs comprenaient un représentant de la Fédération française de football (FFF), un membre de la commission des délégués nationaux et un représentant de SOS Homophobie. Leur mission consistait à circuler dans l’enceinte du stade durant toute la rencontre pour documenter tout acte discriminatoire et, si nécessaire, en référer aux arbitres afin de provoquer l’interruption du match.
Une victoire symbolique pour les militants
Julien Pontes, porte-parole du collectif Rouge Direct, s’est félicité de cette avancée : « Notre combat acharné porte ses fruits ». Ce dispositif avait reçu l’approbation dès le 31 août 2023 par l’ancienne ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, lors d’une réunion avec diverses associations spécialisées.
Cette mesure avait également été préconisée dans un rapport parlementaire publié le 19 décembre 2023, dans le cadre d’une enquête sur les dysfonctionnements au sein des fédérations sportives. Le rapport recommandait une mise en œuvre rapide, suivie d’un bilan à la fin de la saison 2023-2024, sous la supervision de l’Instance nationale du supportérisme, pour évaluer sa possible généralisation.
Incident à Grenoble : vers une sanction financière ?
Malgré la mise en place de ce dispositif, des chants homophobes ont été identifiés dans les tribunes grenobloises durant les arrêts de jeu de la première mi-temps. Cependant, avec la mi-temps intervenue peu après, l’arbitre n’a pas interrompu le jeu.
Julien Pontes a réagi immédiatement : « Nous espérons désormais une amende à cinq chiffres pour le club de Grenoble, pas moins ». L’incident, consigné par le délégué du match, sera transmis à la commission de discipline de la FFF. À l’avenir, ce type d’intervention pourrait permettre aux représentants de la fédération d’alerter directement les arbitres en cours de match.
La LFP résiste à l’adoption du dispositif
Bien que la FFF ait initié cette expérimentation, la Ligue de football professionnel (LFP), qui encadre les championnats de Ligue 1 et Ligue 2, n’a pas encore adopté cette démarche. La Ligue, dirigée par Vincent Labrune, insiste plutôt sur les actions de prévention auprès des supporters, joueurs et jeunes des centres de formation.
Lors d’une audition parlementaire, Labrune avait évoqué les réserves émises par Hélène Schrub, directrice générale du FC Metz, qui jugeait que généraliser un tel dispositif reviendrait à « se tirer une balle dans le pied ». Le président de la LFP s’était demandé : « Il faut agir, mais comment le faire efficacement ? »
Une extension espérée à l’ensemble des compétitions
Les associations militent pour une généralisation de ce dispositif, avec une présence accrue de trois représentants associatifs dans les tribunes lors de chaque match. Elles souhaitent également une intervention claire de la ministre des Sports, Marina Ferrari, afin qu’elle prône une politique de tolérance zéro et encourage publiquement la LFP à emboîter le pas de la FFF.
Pour le moment, la Fédération prévoit de reconduire ce dispositif pour certains matchs jugés sensibles lors des futurs tours de la Coupe de France. Un bilan sera établi à la fin de la saison pour envisager une extension à l’ensemble des matchs de la Coupe de France 2026-2027. La FFF compte sur l’effet dissuasif de cette présence en tribune pour transformer les comportements.
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