Depuis Quand Parle-t-on de Lesbianisme ?
Le mot lesbianisme est aujourd’hui couramment employé pour désigner l’attirance romantique et sexuelle entre femmes, ainsi que l’identité lesbienne dans sa dimension sociale et politique. Pourtant, ce terme n’a pas toujours existé, et son usage a évolué au fil des siècles, oscillant entre stigmatisation, invisibilité et réappropriation militante. Découvrons ensemble l’histoire complexe du mot lesbianisme, depuis ses racines antiques jusqu’à sa place actuelle dans les discours féministes et LGBTQIA+.
👉 Tu t’intéresses aussi à la signification du mot « lesbienne » ? Consulte cet article complémentaire : Pourquoi dit-on lesbiennes ? Origine du mot lesbienne.
L’écho antique de l’amour entre femmes
Sappho de Lesbos : l’origine poétique
Le lien entre l’île grecque de Lesbos et l’amour entre femmes remonte au VIème siècle avant J.C., avec la poétesse Sappho. Celle-ci, dans ses vers lyriques, décrit des sentiments et des désirs à l’égard d’autres femmes. Le nom de son île natale a donné naissance à l’adjectif lesbienne, qui renvoie à l’attirance féminine.
Mais attention : dans l’Antiquité, le concept d’identité sexuelle n’existait pas au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Les comportements étaient jugés davantage selon les rôles sociaux que selon une orientation fixe.
Une période sans nom
Durant des siècles, les relations entre femmes étaient peu documentées, invisibilisées ou qualifiées à travers des euphémismes. Il n’existait pas de mot clairement défini pour nommer l’attirance lesbienne dans la société médiévale ou la Renaissance. L’absence de vocabulaire allait de pair avec une invisibilité sociale.
Le XIXème siècle : naissance d’un mot sous le regard médical
Apparition du terme « lesbianisme »
C’est dans la littérature médicale du XIXème siècle que le mot lesbianisme fait son apparition. Il est alors utilisé dans un contexte pathologisant, au même titre que l’inversion sexuelle ou l’hystérie. On le retrouve dans les ouvrages de psychiatres et de sexologues, comme Richard von Krafft-Ebing ou Magnus Hirschfeld, qui tentent de classifier les sexualités « déviantes ».
Une réalité marginalisée
Le lesbianisme est perçu comme une anomalie, un dysfonctionnement du désir féminin. Il est aussi souvent associé à des figures de femmes masculines, rompant avec les normes genrées attendues. Cette période alimente un imaginaire où le lesbianisme est soit ignoré, soit fétichisé ou médicalisé.
Dictionnaires et presse : la lente diffusion
Le mot entre progressivement dans les dictionnaires. Littré, par exemple, le mentionne en lien avec Lesbos, mais sans lien explicite avec l’attirance entre femmes. Il faudra attendre le XXe siècle pour que le mot lesbienne prenne sa signification actuelle dans la presse et les textes littéraires.
XXe siècle : entre stigmatisation et affirmation identitaire
Le poids des interdits
Jusqu’à la première moitié du XXe siècle, parler de lesbianisme relève de la transgression. Les lesbiennes vivent souvent leur amour dans le secret, sous peine de rejet social. Le silence autour du mot alimente la honte et le non-dit. C’est aussi une période marquée par la censure littéraire, comme l’ont vécu Violette Leduc ou Radclyffe Hall.
👉 À ce sujet, découvre l’analyse de l’œuvre censurée de Violette Leduc dans notre article : Thérèse et Isabelle de Violette Leduc : Le Retour Théâtral d’un Classique Lesbien Censuré.
Le lesbianisme dans la littérature
La littérature lesbienne devient un espace de résistance et d’expression. Des termes comme saphique, invertie ou amour entre femmes continuent d’être utilisés. Mais le mot lesbianisme se démocratise lentement, apparaissant dans des essais, des articles, des romans, même s’il reste connoté.
👉 Explore notre sélection d’œuvres majeures dans : Letteratura lesbica: opere essenziali da scoprire.
Émergence des mouvements féministes et LGBTQ+
Dans les années 1970, le lesbianisme devient un concept politique. Il ne s’agit plus seulement de nommer une attirance, mais de revendiquer un mode de vie, une rupture avec l’hétéronormativité et le patriarcat. Des penseuses comme Monique Wittig ou Adrienne Rich conceptualisent le lesbianisme comme acte de libération.
👉 Pour en savoir plus sur cette figure majeure : Monique Wittig : Une Pionnière du Féminisme Lesbien.
Conclusione
Parler de lesbianisme, ce n’est pas seulement utiliser un mot. C’est invoquer une histoire riche, parfois douloureuse, faite de quêtes identitaires, d’oppression et de résistance. Depuis l’Antiquité jusqu’aux espaces militants contemporains, le terme a traversé les époques, porteur de sens différents mais toujours essentiels. En rendant visibles les racines et les enjeux du mot, nous participons à la reconnaissance des identités lesbiennes dans toute leur diversité.
👉 Pour approfondir la question des représentations culturelles lesbiennes, consulte aussi notre article : Les Documentaires qui Retracent l’Histoire du Lesbianisme.
Voir aussi sur wikipédia Histoire_des_lesbiennes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_lesbiennes
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