L’extrême droite met en péril l’unité de la communauté LGBTIQ+

Extrême droite et ses effets sur la communauté LGBTIQ+

Dans différents pays, l’extrême droite adopte une stratégie politique déjà bien éprouvée : elle crée des vagues de panique morale pour diviser les communautés. Actuellement, cette approche cible les personnes LGBTIQ+. La méthode consiste à rassurer les membres les plus « intégrés » – souvent des homosexuels cisgenres blancs – en promettant de préserver leurs droits, tout en désignant les personnes trans et non-binaires comme des facteurs de désordre.

Stratégies de division par la peur

Cette technique exploite une peur sociale fondamentale : la crainte de perdre des droits chèrement acquis. Les partis conservateurs s’adressent à un segment particulier de la communauté, perçu comme plus acceptable par la société dominante, pour les inciter à s’éloigner des membres plus marginalisés.

Utilisation de la peur pour fracturer la communauté

Une fois la peur implantée, une dynamique prévisible s’installe : l’attention se tourne vers l’intérieur de la communauté plutôt que de s’opposer à l’extrême droite. Des propos accusateurs comme « Les personnes non-binaires compliquent tout » se multiplient, orientant la colère contre les membres les plus vulnérables.

Conséquences internes de la division

Ce déplacement de la culpabilité fracture la communauté entre ceux jugés trop « revendicatifs » et ceux considérés comme « raisonnables » car ayant obtenu certains droits. Ces divisions sapent la solidarité historique qui a permis les avancées collectives passées.

L’oubli des luttes historiques

Cette rétraction identitaire oublie une vérité historique : les droits des homosexuels cisgenres tels que le mariage ou la reconnaissance légale ont été acquis grâce à des luttes collectives. Les personnes trans, non-binaires, racisées et queers étaient au cœur de ces combats. Nier leur contribution affaiblit l’ensemble du mouvement.

Exemples de la stratégie dans d’autres mouvements

Cette stratégie de division s’étend au-delà des questions LGBTIQ+, touchant d’autres mouvements sociaux, notamment le féminisme. Un exemple est la révocation de l’arrêt Roe v. Wade aux États-Unis en 2022, où certaines factions féministes se sont retirées vers des discours d’exclusion contre les femmes trans, offrant une victoire sans combat au patriarcat.

Mécanique politique récurrente

Les stratégies réactionnaires suivent une logique bien définie :

1. Créer un climat de peur.
2. Cibler un sous-groupe privilégié au sein de la minorité.
3. Identifer un ennemi intérieur.
4. Laisser les divisions s’installer sans agir.
5. Renforcer les attaques quand l’unité est déjà affaiblie.

Ce schéma, ancré dans un héritage colonial et des discours conservateurs, vise à réduire la résistance collective de manière méthodique.

Pourquoi la division réussit-elle si bien ?

La communauté LGBTIQ+ n’est pas exempte de hiérarchies héritées du système patriarcal : les personnes cisgenres y sont souvent plus valorisées que les personnes trans; les Blancs plus que les racisés; les valides plus que les personnes handicapées; et les personnes socialement intégrées plus que les précaires.

Exploitation des tensions internes

Ces tensions internes, même si elles sont rarement reconnues, sont exploitées par l’extrême droite. Elle s’appuie sur le désir de respectabilité, la peur de déplaire à la norme et les hésitations face à une solidarité radicale, poussant parfois certains groupes à se distancier pour sauvegarder leur statut.

Unité comme rempart

Ce que redoute vraiment l’extrême droite, c’est la capacité de la communauté LGBTIQ+ à rester solidaire malgré ses différences. Les avancées majeures en droits n’ont été possibles que lorsque tous les composants de la communauté – gays, lesbiennes, trans, non-binaires, queers, intersexes, racisés et précaires – se sont unis dans la lutte.

Impacts des divisions

Chaque recul a été précédé par un affaiblissement de cette unité. La dislocation génère des pertes de droits.

Solidarité sans compromis

Pour contrer efficacement l’extrême droite qui cible simultanément les personnes LGBTIQ+, les migrants, les minorités religieuses et les précaires, il ne peut y avoir de hiérarchisation des luttes. La réponse doit être une solidarité inclusive qui n’exclut personne, refusant de sacrifier les plus marginalisés pour préserver les privilèges des plus intégrés.

Transformation sociale

Le véritable levier de transformation sociale réside dans cette unité complète et sans compromis. Toute voie alternative continuerait de reproduire les logiques oppressives qu’elle tente de combattre.

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