« `html
Une opération policière problématique à New York
Le 1er octobre 2025, une intervention de la police à New York a déclenché une vague de protestations. Sous prétexte de lutter contre l’immigration illégale, des agents déguisés ont ciblé les toilettes publiques de la Penn Station à Manhattan. Dotés de caméras cachées, ils ont simulé l’utilisation de ces espaces pour attraper des hommes soupçonnés de fréquenter ces lieux pour des rencontres homosexuelles. Cette opération a conduit à près de 200 arrestations, principalement d’hommes homosexuels et de migrants, souvent présents dans les deux catégories.
Une visée symbolique révélatrice
L’écrivain David Alliot qualifie cette action de « première rafle de grande envergure dans un pays démocratique au XXIᵉ siècle ». Dans son livre Les Secrets de Sodome, publié en 2025 par les éditions Plon, il revient sur les persécutions historiques dont ont été victimes les homosexuels. Il souligne que les toilettes publiques, en particulier dans les gares, ont longtemps été des lieux de rencontre clandestine. Ainsi, cibler ces lieux n’est pas sans implication.
Signification politique de l’opération
Selon David Alliot, le choix des toilettes et le mode d’intervention révèlent une intention claire de stigmatisation. Dans une réponse par mail, il affirme : « Le choix de ce lieu n’est pas anodin. New York, bastion démocrate, avec la Penn Station, ressemble à notre Châtelet-Les Halles : un important lieu de transit. » Cette action très médiatisée est, pour lui, un message politique explicite : la chasse aux migrants et homosexuels ne connaît pas de zone de non-droit.
Alliot suggère que cette stratégie a également pour but d’intimider les minorités tout en permettant à la police de gonfler ses statistiques dans des lieux fréquentés. « Cela indique que New York ne peut être un refuge, prenant pour cible également les homosexuels, perçus comme opposants de l’administration Trump », explique-t-il.
Un test pour la persécution à venir ?
Alliot craint que cette intervention ne serve de test pour évaluer les réactions du public. « Peut-être testent-ils les seuils de tolérance de l’opinion publique », se demande-t-il. Bien qu’aucune autre intervention de cette ampleur n’ait suivi, il redoute que cela n’encourage d’autres États à adopter des méthodes similaires.
La tactique est particulièrement insidieuse, avec des agents infiltrés prenant une part active, y compris en initiant des gestes suggestifs. Si une personne répond, elle est arrêtée pour « conduite obscène en public ». Alliot qualifie cette approche de sournoise, rappelant qu’en France, même au pic de la répression de l’homosexualité, la police n’allait pas aussi loin.
Les lieux de rencontres sous surveillance depuis le XIXᵉ siècle
L’historien Alliot retrace l’histoire de ces pratiques, remontant au XIXᵉ siècle où les urinoirs sont devenus des lieux discrets et accessibles pour des rencontres entre hommes. « Gratuits, disponibles en permanence, ces lieux facilitent des échanges rapides », explique-t-il. Naturellement, les forces de l’ordre y ont prêté attention dès le début.
Identifier un simple usager d’un dragueur reste cependant compliqué. Les policiers devaient surprendre les individus pour les arrêter, une tâche complexe dans un environnement où la nudité partielle est courante.
Approche française : entre discrétion et retenue
En France, les forces de l’ordre surveillaient ces lieux sans provoquer directement les individus. « Les policiers français agissaient avec pudeur », plaisante Alliot. Contrairement à leurs homologues américains, ils refusaient de se déshabiller pour s’infiltrer dans les saunas. Des archives de police de son livre en témoignent.
Les descentes étaient souvent annoncées de manière bruyante pour effrayer. Dans les années 1960-1970, certains policiers se fondaient néanmoins dans les bars gays avant de révéler leur identité. Un exemple en 1979, lors d’une descente au Manhattan, montre des agents se faisant passer pour des clients avant d’arrêter plusieurs personnes.
Surveillance continue malgré la légalité
Aux États-Unis, bien que l’homosexualité ait été dépénalisée entre 1962 et 2003, la communauté gay reste sous pression à travers diverses actions policières. Cette réalité démontre que l’égalité formelle ne suffit pas à éliminer les discriminations systémiques.
David Alliot alerte sur la généralisation de ces pratiques : en jouant sur les perceptions publiques et les stéréotypes, certaines autorités pourraient réactiver une répression que l’on pensait écartée.
« `